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19 janvier 2011

La stratégie du chaos des «desperados» fidèles à Ben Ali

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Sniper de la police sur un toit de Tunis, lundi. Sniper de la police sur un toit de Tunis, lundi. Crédits photo : FRED DUFOUR/AFP

Face à l'armée, la capacité de nuisance des membres de l'ex-garde présidentielle est réduite.

Après avoir fait preuve d'une grande prudence avant la chute du président Ben Ali, le ministère français des Affaires étrangères a dénoncé lundi «les bandes criminelles» et «ceux qui les soutiennent avec l'espoir vain de remettre en cause les changements intervenus de manière constitutionnelle» en Tunisie. Le Quai d'Orsay visait les partisans de l'ancien président, qui ont multiplié les pillages et tiré sur la foule, au cours du week-end. Le bilan officiel des affrontements est désormais d'au moins 78 morts, dont le photographe franco-allemand Lucas Mebrouk Dolega, atteint vendredi par une grenade lacrymogène tirée à bout portant et mort lundi après trois jours dans le coma. Lundi, les exactions des nostalgiques de l'ancien régime auraient été moins nombreuses. Combien sont ces desperados ? Représentent-ils une menace sur le délicat chemin dela recomposition politique de la Tunisie ? Forte de 120.000 hommes, la nébuleuse sécuritaire à la solde de Ben Ali se composait de la garde présidentielle - dont le patron, le général Ali Sériati, a été arrêté dimanche - et d'une demi-douzaine de services de police et de renseignements, dont les redoutés Ninjas, qui terrorisaient les Tunisiens. Une partie du millier d'hommes de la garde présidentielle est aujourd'hui neutralisée, après avoir subi l'assaut de l'armée au palais présidentiel de Carthage, où ils s'étaient retranchés. Depuis, d'autres auraient retourné leur veste et coopéreraient avec les nouvelles autorités. Mais il en est encore d'autres qui sont cachés dans la nature. «Ils sont bien armés et bien entraînés et donc très dangereux», met en garde l'amiral Jacques Lanxade, ancien ambassadeur de France en Tunisie. «Ces desperados nourrissent l'idée folle que Ben Ali va revenir au pouvoir», ajoute-t-il. Dans leur stratégie du chaos, les ultras peuvent compter sur les policiers et les agents du renseignement qui n'ont pas rallié le nouveau régime. «Ce sont eux qui pillent pour financer les sales besognes des ex-membres de la garde présidentielle», précise un ancien chef des services de renseignements français, qui souligne l'appui que pourraient leur apporter des ex-détenus de la prison de Monastir, libérés samedi dans les violences. Mais s'ils peuvent faire exploser quelques voitures piégées à Tunis notamment, à moyen terme, leur capacité de nuisance est jugée plutôt faible. «Ils ne peuvent pas déstabiliser le pays, affirme l'amiral Lanxade, car l'armée accomplit un travail exceptionnel», n'hésitant pas à fournir un numéro d'appel à la population, au cas où celle-ci serait attaquée par des miliciens. Même si le général Sériati a pu planifier les premières opérations de déstabilisation, avant de prendre la fuite en direction de la Libye, personne ne croit que les anciens «benalistes» aient préparé une quelconque résistance, comme les partisans de Saddam Hussein l'avaient fait, avant la chute de Bagdad en 2003. Rapidement, ils devraient rencontrer des problèmes pour s'approvisionner en munitions. Ironie du sort : l'ancien régime qu'ils soutenaient prohibait strictement les armes. D'autre part, même si la Libye peut leur offrir une terre de repli, il n'est pas du tout certain que le colonel Kadhafi s'aventure à leur fournir un appui logistique. Seuls quelques membres du clan sécuritaro-mafieux - autour de la belle-famille du raïs déchu, les Trabelsi - peuvent aider les tireurs fous, qui défendent leurs acquis, renchérit le chercheur Vincent Geisser. Reste l'inconnue constituée par les deux millions de membres de l'ex-parti unique, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Leur opposition sera-t-elle politique ou guerrière ? «Ils tenaient le pays, mais ils n'ont pas d'autre choix que de jouer la carte de la discrétion», anticipe l'amiral Lanxade, relativement optimiste à moyen terme. Selon lui, la conjonction des mouvements d'autodéfense et des actions de l'armée, renforcée par les secteurs de la police qui ont rallié le nouveau régime, devraient, assez rapidement, ramener le calme.

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